Qu’est ce qui se cache dans les compléments alimentaires ?

 Vigilance oblige !

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Qu’est ce qui se cache dans les compléments alimentaires ? Vigilance oblige !

En tant que naturopathe, membre de la formation Continue de l’APTN (Association des Praticiens en Thérapies Naturelles) la recherche d’informations à travers un réseau de professionnels scientifiques et objectifs, fait partie des priorités. Ceci permet de développer des capacités de discernement, essentielles pour améliorer ma pratique de thérapeute et retransmettre les connaissances.

Devant la profusion du choix de compléments alimentaires, il y a de quoi se méprendre sur ce qui est réellement bénéfique sur la santé.

L’utilisation de compléments alimentaires s’avère parfois nécessaire pour soutenir la remise en forme et compenser certaines déficiences. Mais il s’agit bien d’apporter sous forme plus concentrée des nutriments qui se trouvent naturellement dans des aliments, des plantes ou des minéraux (qui représenteraient des portions trop importantes dans l’assiette pour arriver à combler les carences).

Or, des substances synthétiques s’immiscent insidieusement dans les compléments alimentaires ce qui est en contradiction avec la démarche de la naturopathie : soigner par des remèdes naturels. Ceci est au coeur de ma pratique et me pousse à une prise de conscience sur le « super marché » des compléments alimentaires.

Nanoparticles

Les nanoparticles (‘nanos’) sont utilisées par l’industrie agro-alimentaire pour obtenir des extraits de plantes et des nutriments solubles dans l’eau ou dans l’huile alors qu’ils ne le sont pas naturellement ou pour y ajouter des additifs qui facilitent et accélèrent leur production. Or les procédés nano-technologiques appliqués à ces extraits de plantes utilisent des substances synthétiques (ex. polyoxymethylene, solvants) afin d’obtenir un effet de transparence esthétique dans les liquides ou pour les colorer de façon uniforme.  Les nanos traversent de façon anarchique toutes les barrières protectrices biologiques et compliquent considérablement leur élimination par l’organisme.

Les nanoparticules sont de taille plus que microscopique : elles sont environs 30 000 à 50 000 fois plus petite que l’épaisseur d’un cheveu. Les nanos ont été artificiellement introduites dans les cosmétiques.  Plus inquiétant encore, ces nanos se trouvent dans les produits nutritionnels et à base de plantes sous forme notamment de minéraux colloïdaux.  Il est urgent d’en prendre conscience !

Ghislaine Gerber, biologiste, chercheuse en phyto-nutrition, a lancé des alertes sur l’utilisation des nanoparticules dans le secteur de la nutrition et des produits à base de plantes. Pourtant, la plupart des gens n’ont aucune idée qu’ils consomment des nanoparticules de plus en plus souvent. La recherche montre que ces nanoparticules peuvent être toxiques et dangereuses pour la santé en provoquant des dommages à l’ADN, pouvant avoir une responsabilité dans l’apparition de troubles inflammatoires voire de cancers.

Mme Gerber explique que les différentes formules d’extraction d’une même plante peuvent donner lieu à des propriétés très différentes.  Elle cite une étude [1] qui a révélé que les nano-polyphénols du thé vert endommagent l’ADN des cellules, alors que les polyphénols du thé vert extraits de manière conventionnelle ont des propriétés bénéfiques et protectrices.

Les Nanos représentent un danger pour la santé.  En 2014, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSE) a confirmé qu’elle se déclare favorable à l’interdiction de certaines nanos dans les produits grand public. Parmi les effets sur les organismes vivants figurent « des retards de croissance, anomalies dans le développement ou la reproduction chez des espèces modèles, des effets génotoxiques et de cancérogénèse, des effets sur le système nerveux central, des phénomènes d’immunosuppression, des réactions d’hypersensibilité et d’allergie ».

Si ANSE recommande d’abaisser le seuil d’étiquetage obligatoire à 10 %, de nombreuses nanos peuvent contourner ce seuil lorsqu’elles sont diluées.

Minéraux colloïdaux, additifs, nano-émulsions, Soyez vigilants !

Ces nanos sont déjà sur le marché européen et se glissent insidieusement dans des produits à base de minéraux colloïdaux et de plantes sans que les professionnels de la santé en aient même conscience.  Parmi les contrevenants, citons les nano-émulsions de curcuma ou nano-isoflavones de soja.

Les nano-additifs sont déjà sur le marché depuis longtemps.  Parmi les coupables courants, citons :

  • Le dioxyde de silice (ou « silice ») – utilisé pour empêcher l’humidité dans les plantes et les comprimés ou pour faciliter le remplissage des capsules.
  • Le dioxyde de titane (E171) et les oxydes de fer (E172) – utilisés comme colorants.
  • Nano argent (E174, ou « argent colloïdal ») – utilisé pour éliminer les bactéries sans que les consommateurs soient informés qu’il s’agit de nanos.
  • La présence de polysorbate 20 à 80 est également souvent un signe de nanotechnologie.

Une alerte sur les effets nocifs de l’argent colloïdal et des nanos minéraux est disponible sur le site des Amis de la Terre [2].

La présence de polysorbate 20 à 80 signe aussi souvent le recours à des nanotechnologies.

Apprenez à décoder les étiquettes de compléments alimentaires

La présence d’additifs synthétiques et de nanos associés peut être déterminée en examinant la liste des ingrédients, qui détaille la concentration des principaux ingrédients fournis par portion.

La méthode d’extraction est très importante pour obtenir la pleine puissance des nutriments des produits à base de plantes, d’écorces, de champignons et d’algues.  Lorsque le gingembre et le curcuma sont extraits, par exemple, les curcuminoïdes, les polyphénols et les autres phytonutriments forment une synergie efficace, agissant ensemble pour produire des bienfaits qui ne sont pas disponibles à partir de ces composants pris isolément.

Il est essentiel de prendre conscience de l’utilisation de solvants synthétiques et additifs indésirables à faible coût qui ont des effets délétères sur la santé contrairement aux procédés d’extraction conventionnels.

Tant d’ennemis invisibles pourraient contribuer aux micro-et nano-perforations des membranes des cellules intestinales (syndrome de l’intestin poreux / Leaky Gut Syndrome), intolérances alimentaires (dues aux additifs présents dans les farines et produits céréaliers industriels).

Les compléments synthétiques

La même problématique se pose pour l’utilisation de vitamines de synthèse versus naturelles.

Une synergie de vitamine B naturelles (apport de folates naturels) va avoir un tout autre effet bénéfique sur la santé par rapport à un type de vitamine B synthétique apporté isolément.  Basée sur des études cliniques [3], Ghislaine Gerber explique que l’acide folique B9 de synthèse est une forme peu métabolisable (unmetabolized folic acid) qui en excès inhibe l’enzyme MTHFR, une des plus importantes enzymes de la physiologie humaine.

La déficience de cette enzyme est corrélée à divers troubles de santé.

Le gène récepteur MTHFR est dépendant de folates B9, de B6 et de la forme méthyl B12.

L’organisme ne peut utiliser que très difficilement les apports de Cyano-cobalamine de synthèse (B12) qu’il doit transformer en méthyl-cobalamine, forme réellement active de la B12.  Les formes non transformées de la cyano-cobalamine de synthèse peuvent elles-mêmes causer de nouvelles insuffisances enzymatiques, surtout en cas de déficiences associées en méthyl-folates (B9), qui fonctionnent de pair.

Cette double carence dans les formes naturelles assimilables de ces 2 vitamines B, est fréquemment liée à des troubles divers des systèmes nerveux, cardio-vasculaire, dermatologique, hormonal.

La cyano-cobalamine non métabolisée, malgré des teneurs analytiques apparemment suffisantes en B12 (forme non active non précisée dans les analyses) pourrait masquer une réelle déficience en B12 Méthyl-cobalamine.

Les vitamines B9 et B12 doivent être apportées ensemble sous leur forme naturelle méthyl et non sous la forme non-méthyl, avec la B6 pour contribuer à la bonne méthylation hépatique des lipides.

On comprend alors l’importance d’apporter une synergie de vitamines sous forme naturelle sur la santé globale. C’est le rôle du naturopathe d’éveiller la vigilance, de conseiller et de remettre l’organisme sur la voie de la guérison par des remèdes naturels qu’il peut facilement assimiler sans effets délétères.  Il existe de nombreux critères auxquels un remède naturel de haute qualité doit répondre, et relativement peu de fournisseurs qui peuvent satisfaire à ces normes. Un naturopathe bien avisé peut vous aider à identifier les compléments alimentaires appropriés pour des résultats positifs sur la santé.

[1] Alotaibi A, Bhatnagar P, Najafzadeh M, Gupta KC, Anderson D. Tea phenols in bulk and nanoparticle form modify DNA damage in human lymphocytes from colon cancer patients and healthy individuals treated in vitro with platinum-based chemotherapeutic drugs. Nanomedicine (Lond). 2013 Mar;8(3):389-401. doi: 10.2217/nnm.12.126. Epub 2012 Sep 3. PMID: 22943128.

[2] https://www.amisdelaterre.org/wp-content/uploads/2012/09/nanoargent-rapport-foei-.pdf

[3] Tsang BL et al. Assessing the association between the methylenetetrahydrofolate reductase (MTHFR) 677C>T polymorphism and blood folate concentrations: a systematic review and meta-analysis of trials and observational studies. Am J Clin Nutr. 2015 Jun;101(6):1286-94.